Les trois pandémies pesteuses

Publié le par Serge

Les XX ème et XXI ème siècles seront-ils les siècles de grandes pandémies liées aux différents virus de la grippe (espagnole, aviaire, porcine,…) ?.

Dans le passé, d’importantes pandémies déciment les populations, les trois pandémies pesteuses demeurent les plus remarquables.

 

Repères.

 

-         La peste justinienne.

Partie d'Afrique centrale en 540, elle affecte l'ensemble du bassin méditerranéen. L'Empire byzantin perd probablement un quart de sa population.

Dès l’année 541, elle affecte les populations des rives françaises de la Méditerranée et celles établies le long du Rhône. Elle revient régulièrement tous les 9 à 13 ans et disparaît sans raison apparente vers 767.

Puis l’Europe connaît un long répit jusqu’au milieu du XIV ème siècle.

 

-         La peste noire.

Partie de Chine (où elle a décimé un tiers de la population entre 1331 et 1393), elle arrive d’Asie par les routes terrestres ou maritimes de la soie et ravage ensuite l'Occident, où elle tue, en cinq ans seulement, ente 25 et 30 millions de personnes.

Douze galères génoises parties en novembre 1347 de Constantinople atteinte de la peste font escale à Messine d’où le mal se diffuse dans les îles voisines puis à Gênes et à Marseille. Au cours des années 1348 à 1350 la maladie envahit la France entière, en suivant les axes routiers et fluviaux.

La peste s’installe dans un pays déjà en piteux état : le pays ne s'est pas encore remis de grandes famines entre 1315 et 1322 et la guerre de cent ans vient de commencer (défaite à la bataille de Crécy en août 1346 puis prise de la ville de Calais en août 1347).

Elle épargne les régions montagneuses éloignées des axes de communication mais anéantit les villes commerçantes et les zones peuplées.

Les dégâts humains de la "mort noire" (qualifiée ainsi car le corps du sujet atteint par cette forme de peste se couvre de pustules noires) sont considérables.

Quelques exemples: à Narbonne, le nombre de "feux" (foyers ou familles) passe de 6029 en 1336 à 2500 en 1361, ce qui représente une diminution de plus de la moitié du nombre d’habitants. A Givry, en Bourgogne, dans un des plus anciens registres paroissiaux, le curé qui notait 28 à 29 inhumations par an en moyenne enregistre 649 décès en 1348 dont la moitié en septembre. A Saint-Germain l’Auxerrois, paroisse la plus importante de Paris, les autorités ecclésiastiques consignent 3116 morts du 25 avril 1349 au 20 juin 1350. A Saint-Denis les chroniqueurs de l’époque évaluent à 16 000 le nombre des victimes....

La France connaît un véritable drame démographique : 17 millions d'habitants en 1340, seulement 10 millions en 1440.

La peste va s'installer en France pendant trois siècles avec des poussées qui se répartissent en deux cycles : le premier s’étend jusqu’au milieu du XVI ème siècle avec des crises aiguës tous les 6 à 13 ans, le deuxième dure jusqu’au dernier tiers du XVII ème siècle avec tous les 12 à 15 ans des attaques dont la plus violente fut celle de 1629 à Lyon. Puis pendant un demi-siècle le mal disparaît pour resurgir brutalement à Marseille en 1720.

A partir de 1737, les foyers de peste régressent  et disparaissent.

 

-         La peste du Yunnan ou peste de Chine.

Partie de Hong-Kong en 1894, elle se propage en Asie puis atteint l'Australie, l'Afrique et même l'Amérique.

Cette troisième pandémie pesteuse ravage Madagascar en 1898, Alexandrie, le Japon, l’Est africain et le Portugal en 1899, puis Manille, Sydney, Glasgow et San Francisco en 1900, enfin Java en 1911 et Ceylan en 1914.

Parallèlement à la propagation de la maladie par voie maritime, le réveil de certains foyers infectieux aggrave les pertes humaines, en particulier en Inde où l’on recense près de 12 millions de morts entre 1898 et 1948.

Lors de cette épidémie, le pasteur Alexandre Yersin découvre le bacille responsable de la maladie et crée le premier sérum contre la peste.

 

La peste "fléau des Dieux".

 

Pour les populations exacerbées, la peste est la manifestation de la vengeance ou de la colère divine, Dieu ne supportant plus les péchés des hommes. Il fallait donc exhorter sa clémence, faire "repentance" et demander à la Vierge et aux saints d’intercéder auprès de lui pour apaiser sa colère.

Des flagellants parcourent l’Europe en chantant des cantiques et en se fouettant pendant trente trois jours et demi (autant de jours que d’années de la vie du Christ) vêtus de longs vêtements marqués de croix, un capuchon sur la tête.

Des boucs émissaires sont recherchés, étrangers, juifs et lépreux sont accusés de répandre le mal en empoisonnant l'eau des puits. Ils sont persécutés: des massacres sont perpétrés, à Strasbourg, le 14 février 1349, 900 juifs sont brûlés vifs dans une fosse de leur cimetière.

 

Publié dans Mémoire

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